Partons à la découverte d’un art particulier, le clown, avec Clarisse, élève de notre nouveau professeur Aurélien. Clarisse ou plutôt Cramoisie nous explique ce qui l’a menée à prendre des cours de clown et ce que ça lui a apporté.

Comment définirais-tu le clown ?

Le clown est avant tout très humain, il joue avec toute une palette d’émotions. Je compare souvent le clown à un enfant qui découvre le monde : il a un objectif mais son regard comme celui d’un enfant, joue avec l’instant présent, avec spontanéité. Il n’y a pas de notions de réussite ou d’échec : le clown n’est pas là pour plaire, c’est vraiment un exercice de lâcher-prise. Il ne faut pas entrer sur scène en voulant faire rire à tout prix, cela ne marche pas, il faut être sincère avant tout.

 

Comment es-tu venue au clown ?

C’est une amie de mon conjoint qui m’a parlé du clown en me disant « Toi, je te vois bien faire du clown ». Du coup, j’ai assisté à un cours public et je me suis dit « C’est génial, je veux faire ça ! ». Maintenant je ne peux plus m’en passer, j’en ai besoin !

 

Et quel est ton nom de clown ?

Cramoisie. J’aime bien le côté un peu sombre du clown. Il y a des clowns tournés vers le rire, mais aussi d’autres tournés vers quelque chose de plus sombre que j’apprécie.

 

Que signifie la fameuse expression « Trouver son clown » ?

Ton clown n’est jamais figé, il évolue donc l’expression « trouver son clown » est un peu un mythe. Disons que c’est à partir du moment où tu arrives à enlever ta carapace, à te débarrasser de l’image que tu veux montrer de toi, que tu explores le jeu clownesque.

 

Qu’as-tu ressenti lors de tes premiers cours de clown ?

Je suis arrivée en cours d’année, ce qui n’était pas évident car le groupe était déjà formé. J’ai été super bien accueillie, avec beaucoup de bienveillance de la part d’Aurélien. Au départ, cela fait un peu peur, tu dois jouer avec tes complexes, les assumer, laisser tomber le rôle et les masques que la société actuelle te fait adopter. Par exemple, en société, on essaye de ne pas montrer notre gêne alors qu’en clown, tu en joues, tu en ris, tu la travailles.

Le premier cours est un peu stressant mais lors des suivants, tu t’amuses. Et tu te marres franchement, même quand tu galères !

 

A quoi ressemble un cours de clown avec Aurélien ?

Tu commences par un échauffement de groupe, avec notamment des exercices d’action-réaction, de montée en émotions qui peut aller jusqu’à une certaine exagération. Tu apprends aussi à être à l’écoute de tes camarades. Il y a des exercices en solo et des exercices à plusieurs où tu agis et réagis en fonction des autres, tu n’es pas tout seul dans ce que tu fais.

Le cours est très varié avec du travail d’improvisation, du mime, des exercices techniques pour apprendre à marcher sur place, chuter, etc. Aurélien nous fait jouer avec notre corps, notre voix, nos vêtements, nos émotions, nos camarades de jeu, mais aussi avec le public. Il fait aussi beaucoup travailler sur le renvoi au public : le clown doit savoir regarder le public, partager ses émotions avec lui.

 

Et vous avez le droit de parler ?

Aurélien prône la parole utile : parler pour combler un trou ne sert à rien. Un clown ne parle pas forcément. Le mien est assez « parleur » mais il y en a qui ne parlent pas du tout. Avant la parole, il y a ton corps, ton faciès, ton regard, qui « parlent » pour toi.

 

Comment Aurélien te fait progresser ?

Il nous fait travailler sur l’instant présent, il a des exercices qui te mettent dans des situations où tu ne dois pas réfléchir, être sincère, oublier ce qu’il s’est passé dans ta journée. Il te fait hurler, rire, pleurer, etc., t’amène à vivre tes émotions jusqu’à leurs extrêmes mais en cherchant toujours la sincérité du jeu, en te demandant d’être à l’écoute de tes camarades et du public. Tout ça avec un esprit de groupe. Tu découvres d’autres personnalités, on discute beaucoup, et puis on va débriefer autour d’un verre aussi après.

 

Et comment s’est passé ton premier spectacle de clown ?

Nous avions une trame de fond préparée en amont, avec des solos, des numéros collectifs, mais il y a également une part d’improvisation puisque ton numéro va aussi dépendre de la réaction du public, des incidents qui peuvent se produire sur scène, etc. Par exemple, imaginons que tu portes une chemise et d’un coup un bouton pète, tu ne peux pas t’arrêter, il faut jouer avec ce bouton.

J’aime le moment du spectacle car il y a un effet de groupe hyper intense : comme on ne sait pas ce qu’il peut se passer sur scène, tu es beaucoup dans le partage, les encouragements.

 

Quelles étaient les réactions du public après le spectacle ?

Les gens sont souvent étonnés. S’ils ne connaissent pas le clown, ils s’attendent souvent à voir du clown de cirque, ce qui n’est pas le cas, donc forcément le spectacle interpelle. Un prof d’impro nous disait qu’il aimait bien venir à des spectacles de clown car cela le nourrissait pour ses cours. Le clown étant très instinctif, c’est très complémentaire avec l’improvisation.

 

Quelles sont les différences avec une pièce de théâtre ?

Il y a un lien direct avec le public : tu le regardes, tu partages tes émotions, tes gestes, avec lui, il peut te porter. Lors de mon solo, j’avais face à moi une personne que je ne connaissais pas qui était morte de rire. Plus elle se marrait, plus j’en rajoutais.

Pour moi, le clown aide à travailler beaucoup de codes du théâtre : le placement sur scène, ta voix, ton corps, ta présence scénique, l’écoute. Le clown peut aussi amener un comédien à oser être plus expressif, à faire des propositions, à aller au-delà de ce qui lui est demandé.

 

Qu’est-ce que le clown t’apporte au quotidien ?

C’est un exutoire fou ! Cela m’est déjà arrivé de me dire après une journée horrible « oh je n’y vais pas », puis finalement j’y vais car je sais que ça me fait du bien.

Il y a tellement de lâcher-prise, tu ne fais plus attention à ton image. Tu peux être désagréable, maladroit, pervers, etc. Tu peux être ce que tu veux ! Tu peux tout jouer ! On fait sur le plateau ce qu’on ne pourrait pas faire dans la vie. Cela m’amuse avant tout et ça me nourrit !

 

Merci à Clarisse de s’être prêtée au jeu de l’interview et à notre intervieweuse de choix Pauline !
Si vous aussi vous voulez rejoindre Aurélien et notre nouvelle classe Clown, inscrivez-vous pour un cours d’essai !