Comment et pour quelles raisons as-tu commencé à faire du théâtre?

Alors je devais avoir dans les 11 ans. Mon frère qui était au lycée allait voir une pièce avec sa classe au Théâtre de l’Odéon mais un de ses copains était malade et c’est moi qui l’ai remplacé au pied levé car je ne devais pas avoir autre chose à faire. Ce fut un choc. J’Avais beau être derrière un poteau et tendre l’oreille pour dépasser les ronflements de mon frère, j’assistais à la chose la plus incroyable de mon existence. Je n’avais aucune conscience de ce que je voyais mais j’étais subjuguée. C’était Phèdre de Racine mis en scène par Patrice Chéreau avec Dominique Blanc. La claque dans ma gueule de préado .

 

Est-ce que tu te souviens de ton premier cours?

Mon premier cours n’était pas vraiment un cours. C’était une sorte de stage en anglais avec des migrants dans la jungle de Calais. Autant dire que je pensais ne jamais y arriver et pourtant les deux semaines de stage ont donné un spectacle bouleversant sur l’exil.

Qu’est-ce que tu as ressenti la première fois que tu es montée sur scène devant un public ?

La peur. D’ailleurs encore aujourd’hui la première chose que je ressens avant de monter sur scène c’est la peur. Mais c’est une peur pas comme les autres. C’est une peur presque agréable. Faut être honnête, pour aimer monter sur scène faut être un peu maso. Mais après le principe du masochisme c’est cet incroyable frisson. Le théâtre donne ça. A tout le monde.

 

Le meilleur/pire souvenir sur scène ?

Mon meilleur souvenir sur scène c’était sur une pièce de Lagarce. Ça devait être la 50e représentation et pour la première fois j’ai compris une de mes répliques. Je la disais toujours sans vraiment la comprendre et ce soir là tout m’est apparu car en plus cette réplique me donnait la clé de mon personnage. Oui à partir de ce soir là j’ai été meilleure car j’avais digéré les mots de l’auteur et j’avais l’impression de mieux les donner à vivre aux spectateurs.

 

As-tu une anecdote marrante à nous raconter, d’actrice, metteur en scène ?

Un soir à Avignon, une des spectatrices, qui était atteinte du syndrome de Gilles de la Tourette, a eu une crise pendant le monologue d’un de mes partenaires. Le pauvre essayait désespérément de tenir la cadence, nous l’avons alors soutenu en improvisant toute sorte de sons partout sur le plateau. C’était aussi un moyen de dédramatiser pour la dame qui est finalement sortie.


Et un souvenir de prof?

Une de mes élèves était autiste asperger et pouvait avoir de vraies crises de panique et tocs quand il y avait trop de bruits. Elle a été extraordinaire sur le plateau et a tout donné. Elle s’est barrée aux applaudissements. J’ai trouvé ça très fort.

As-tu des petites habitudes avant de monter sur scène?

Je fais toi toi toi et je crache par terre en traitant le parquet de tous les noms.

Quel est l’esprit que tu essaies d’insuffler dans tes cours ?

Il y a deux choses fondamentales pour moi au théâtre : être ensemble tout en étant seul ou être seul tout en étant ensemble. La troupe est la composition de divers individus tous différents et singuliers et c’est mon travail de créer une rencontre entre chacun pour former un tout et raconter une histoire.

Portrait presque chinois :

Si tu étais un personnage de fiction ?

Si je pouvais je dirais Hamlet, et sinon Tony Soprano.

Si tu étais une réplique de cinéma ou de théâtre ?

Moi je n’ai faim que d’être libre» Electre de Sophocle.

Si tu étais un super pouvoir ?

Une tempête sous un crâne.

Si tu étais un mot ?

Péripétie.

Si tu étais un plaisir ?

Un orga.. heu une religieuse au chocolat.

Si tu devais choisir trois personnalités avec qui jouer sur scène / diriger comme comédiens?

Meryl Streep l’évidence
Jean-Pierre Bacri (feu)
Simone Signoret (feu également).

 

*Merci Amandine d’avoir joué le jeu de notre petit questionnaire (Et à Pauline sa créatrice) !
Si vous voulez en savoir encore davantage, filez découvrir sa bio !

Nous sommes ravies qu’Amandine nous rejoigne cette année pour un cours Théâtre Débutant !